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Publié par Lionel Goutelle

  (si l'on peut utiliser ces fables dans des publications militantes ou satiriques (journaux, tracts...), par contre leur exploitation éditoriale ou commerciale sans accord explicite avec l'auteur s'exposerait à des poursuites. En cas de litige, elles sont d'ailleurs protégées par "preuve jurdique".)

 

 LA FONTAINE, SI PEU DETOURNE

1) Le petit Actionnaire qui a perdu son Capital
2) L'Homme ayant voulu maîtriser le Climat
3) Le "Républicain" de façade et les Inégalité réelles
4) Le Sociologue "extrémiste" et les Citoyens "raisonnables"
5) Le Syndicaliste "radical", Luc Ferry, et le jeune Prof
6) L'Europe et sa Lacheté civique
7) Le Colonisateur israêlien et le Droit international.
8) Le "gauchiste angélique" et "l'intégriste laïc"
9) Les petites gens et la retraite par capitalisation
10) Le capitaliste, nous (sa clientèle), et l'ouvrier du tiers-monde

 

1) Le petit actionnaire qui a perdu son capital

L'usage seulement fait la possession.
Je demande à ces salariés de qui l'obssession
Est d'assurer leur retraite en bourse
Quel avantage ils ont sur l'autre ressource.
Les S.D.F de demain seront aussi riches qu'eux,
Et nos actuels actionnaires d'évidents gueux.
L'histoire de cet anglais que je vous propose
Servira d'exemple à la chose.

Ce malheureux attendait,
Pour jouir de son bien, une seconde vie;
Sur le conseil d'hommes d'état dévoyés,
Dans un fond de pension son blé il enfouït,
Son cerveau avec, croyant qu'en solitaire,
Il gagnait sur une retraite solidaire.
Il fît du Dow Jones son obssession sacrée.
Que les siens on malmena, qu'on les exploita,
Tout l'indifférait, à moins qu'il ne songeat
A son capital et à ses profits escomptés.
Il l'engraissat tant, qu'un patron le vit,
Se saisit du dépôt, et l'emporta sans rien dire.
Notre avare, un beau jour, ne trouva que le nid.
Voilà mon homme aux pleurs: il gémit, il soupire,
Il se tourmente, il se déchire.
Un passant lui demande à quel sujet ses cris.
-"C'est mon capital que l'on m'a pris.
-Votre capital? Où pris? -A la bourse
-Eh ! manquons nous tant de ressources
Pour être si con? N'eussiez-vous pas mieux fait
De renforcer la répartition et ses effets,
Que de faire le jeu de vos exploiteurs?
Vous auriez assuré vos dernières heures.
-Assurez ma retraite ne tient-il qu'à celà?
L'argent vient-il comme il s'en va?
Je n'y touchais jamais -Dites moi donc, de grâce
Reprit l'autre, pourquoi dans la répartition,
Le partage des richesses ferait défection?
De votre cerveau en lieu et place,
Mettez plutôt une pierre à la place".

(d'après "L'Avare qui a perdu son trèsor", La Fontaine. Mais aussi d'après "La bourse ou la vie", Labarde et Maris, ed Albin Michel, P 106 à 109 et tant d'exemples malheureusement si répétitifs et sans conséquences...)

 

2) L'Homme ayant voulu maîtriser le climat

Longtemps le climat cohabita avec les hommes,
Lorsque de petits dégats l'homme fabriquait.
Arbres, rivières, air pur sur la terre habitaient,
Et l'on ne voyait pas comme au siècle où nous sommes,
Tant d'inondations et de chaleur,
Tant de fôrets au trèpas,
Tant d'incendies et de malheurs,
Comme aussi on ne voyait pas
Tant de voitures et de climatisations.
Or l'homme fit alors le rêve pour lui mortel
De se fabriquer un paradis artificiel:
Il eut recours à l'industrialisation,
Et fît usage de la machine
Pour soulager son échine.
Celle-ci d'évidence
Démultiplia sa puissance.
Et celà fait l'homme remercie
La machine sa bienfaitrice, disant: "merci à vous;
Vous m'avez permis de quitter ma sauvage vie.
-Mais dit la machine, je peux faire mieux pour vous.
Vous vous déplacerez pour un oui pour un non,
Vous modifierez le climat dans vos maisons."
Hélas que vaut un tel secondaire confort
Quand on le paye d'un futur si mort?
L'Homme s'aperçut qu'il avait fait folie;
Mais il n'était plus temps; déjà de la vie
De ses enfants l'allali il avait sonné.
Il mourut en trainant son "progrès"
Sage s'il n'eut pas fuit le moindre effort.

Quel que soit le plaisir que cause le confort,
C'est l'acheter trop cher que l'acheter d'un bien
Sans qui les autres ne sont rien.

(D'après "Le Cheval s'étant voulu venger du Cerf", La Fontaine)

 

3) Le "républicain" de façade et les inégalités réelles

Un laïc menteur, d'autres disent normand,
Affirmant juste sa société,
Vit un groupe de femmes discriminées,
Portant un voile accessoirement.
Il voullait nier ces inégalités,
Mais étant trop évidentes, il lance:
"Cachez ce voile, volonté de différence!"

Fit-il pas mieux que son racisme d'avouer?

 (D'après "Le Renard et les Raisins", La Fontaine)

 

4)Le sociologue "extrémiste" et les citoyens "raisonnables"

 

Un chercheur en ses lectures et ses voyages
Avait beaucoup appris. Quiconque a
Beaucoup lu et vu
Peut avoir beaucoup retenu.
Celui-ci prévoyait jusqu'au moindre dommage,
Et avant qu'il n'advienne,
L'annonçait aux citoyens et citoyennes.
Arrivèrent au pouvoir de faux socialistes
Qui, du marché, se firent les propagandistes.
"Ceci ne me plait pas, dit-il aux citoyens.
Car partout cet esprit détruit les terriens.
A votre place, je m'éloignerai
De ces faux amis vrais enfoirés.
Les idées qu'ils répendent seront votre ruine,
Si vous acceptez qu'en vous elles cheminent.
Ils diront fausses promesses pour vous appâter
Et illusions feront naître pour vous piéger.
Elles causeront votre mort ou votre prison:
Gare la cage ou le chaudron!
C'est pourquoi, leur dit le sociologue,
Refusez ces propos de vrai démagogue.
Les citoyens se moquèrent de lui,
Et de son expérience, ils fuirent l'appui.
La plante libérale devenait bien verte.
Le sociologue leur dit "Arrachez brin à brin
Ce qu'a produit ce maudit grain,
Ou soyez sûr de votre perte.
Prophète de malheur lui répliqua-t-on,
Te rends-tu compte du travail que tu nous donnes!
Il nous faudrait l'action de millions de personnes
Pour bloquer cette fatale globalisation".
Le libéralisme était maintenant conçu.
Le chercheur ajouta: "Ceci ne va pas bien;
Mauvaise graine est tôt venue.
Mais puisque jusqu'ici l'on ne m'a crue en rien,
Dès que vous verrez les inéluctables
Conséquences sociales du libéralisme,
La montée, qui ne sera pas négligeable
De la pauvreté, effet de votre égoisme;
Quand des pseudos violences gratuites
Vous ne pourrez plus prendre la fuite,
Alors vous ne pourrez plus vous ballader
Mais serez obligés de vous barricader.
Et ne comptez pas rester immonde,
Polluer sans retenu la terre et la piller,
En comptant sur la science pour vous sauver
En colonisant un nouveau monde.
C'est pourquoi vous n'avez qu'un parti qui soit sûr,
Bâtir un état trans-national dans ces murs".
Les citoyens "raisonnables", las de l'entendre,
Se mirent à jaser aussi confusément
Que faisaient les troyens quand la pauvre Cassandre
Ouvrait la bouche seulement.
Il en prit aux uns comme aux autres:
Maint citoyen se vit pauvre humain devenu.

Nous n'écoutons d'instincts que ceux qui sont les nôtres,
Et ne croyons le mal quand il est venu.

 (d'Après L'Hirondelle et les petits oiseaux, La Fontaine, à peine détournée, en hommage au pseudo "radicalisme" de Pierre Bourdieu)

 

5) Le syndicaliste "radical", Luc Ferry, et le jeune prof

 

Un jeune prof qui n'avait rien vu,
Fut presque pris au dépourvu.
Voici comment il conta l'aventure à sa mère:
"J'entrais tout juste dans le métier
Et je m'apprêtais à enseigner
Sans me soucier de la carrière,
Lorsque deux personnages m'ont arrêté les yeux:
L'un doux, bénin, et gracieux,
Et l'autre turbulent et plein d'inquiétude;
Il a des arguments rudes,
Dit que l'éducation est marchandisé,
Et le service public décapité,
Que les lobbys patronaux écrivent
Désormais les politiques éducatives."
Or, c'était d'un syndiqué sud dont notre souriceau
Fit à sa mère le tableau,
Comme d'un marginal aux manières psychotiques.
"Il parlait d'un danger imminent,
Faisait tel bruit et tel vent,
Que moi, qui, grâce aux médias, d'esprit me pique,
En ai pris la fuite, plein d'horreur,
Le maudissant de très bon coeur.
Sans lui j'aurais fait connaissance
Avec ce ministre de l'éducation si doux:
Il est éduqué comme nous,
Distingué, longs cheveux, une humble contenance,
Un modeste regard, et pourtant l'oeil luisant.
Je le crois fort sympathisant
Avec la gent des profs; car il a des discours
Qui disent ne vouloir que notre secours.
Je l'allais aborder, quand d'un fort signal
L'autre m'a fait prendre la fuite.
Mon fils, dit la mère, ce doucet est un "libéral",
Qui, sous son argumentation hypocrite,
Contre toutes les sociales avancées
D'un malin vouloir est porté.
L'autre révolté, tout au contraire,
Bien éloigné de nous mal faire,
Servira peut-être à nous sauver du trépas.
Quand au libéral, il vise notre destruction.

Garde-toi, tant que tu vivras,
De juger des gens sur leur communication."

(D'après "Le cochet, le chat et le souriceau"; La Fontaine. En souvenir des grêves enseignantes de 2003)

 

6)L'Europe et sa lacheté civique

 

Un palestinien désespéra tua par ses coups
Des israéliens.Sharon, vicieux et casse-cou
Pour mieux faire monter leur haine,
Amalgama à la violence malsaine
Tout humain voulant le droit international.
Le peuple palestinien aussitôt s'enterre,
Journalistes et "penseurs" s'autocensurèrent.
Beaucoup s'enfuyèrent au final.
L'Europe, appeurée par ses propres lois,
Craignit que quelque sharonniard
Déclara anti-sémite son juste droit,
Ne le soutint terroriste et barbare.
"Adieu, justice, dit-elle; je me tais ici:
Les lois de l'O.N.U seraient terroristes aussi,
Et quand je ne ferai que mon devoir civique,
Je craindrais même encor".Le terrien repartit:
Vous me prenez pour cruche! Ces droits sont logiques
CE sont les frontières que l'O.N.U fit.
-On les transgressera,
Dit l'appeurée, et on les détruira.
J'aurais beau protester; le droit et la raison
Finiront dans les prisons".

(d'après "Les oreilles du Lièvre, La Fontaine. Faut-il rappeller que le gouvernement Sharon, contrairement à l'autorité palestinienne, a rejetté "l'accord de Genêve" comme base de négociation sérieuse, alors que cet accord, élaboré en commun par des israéliens et des palestiniens de bonne volonté, était déjà un recul par rapport aux frontières de 1967 reconnues par l'O.N.U?)

 

7)Le Colonisateur israêlien et le droit international

 

Certain pro-Sharon, d'autres disent occupant,
Voullant annexer une terre sans pitié,
Vit des opposants argumentant
Par le droit, l'histoire et l'équité.
Le tueur les eut volontier censurer,
Mais ne pouvant évoquer la raison, il dit:
"Ils sont antisémites, c'est de la comédie."

Fit-il pas mieux que sa violence d'étaller?

(d'après "Le Renard et les Raisins", La Fontaine)

 

8) Le "Gauchiste angélique" et "l'intégriste laïc"

Le "gauchiste" et le "laïc" virent jeune femme
Portant foulard perçu comme un oriflamme
Par les journaux. Le temps était libéral,
Et les inégalités, un fait normal.
La ghétoïsation existait, et le foulard
Avertissait que celles qui le portaient sans fard
Vivaient tous les jours cette hypocrisie;
On les proclama extrémistes sans souci.
Notre femme au rejet s'était donc attendu:
Bon tissu bien doublé, bonne étoffe bien forte.
"Celle-ci, dit le laïc, veut nous imposer la vue
De sa différence, mais elle n'a pas prévu
Que je saurai l'interdire de sorte
Qu'il n'est signe qui ne tienne; il faudra, si je veux,
Que le foulard s'en aille au diable.
Le pari pourrait nous en être agréable:
Vous plaît-il de l'avoir?- Eh bien gageons nous deux,
Dit le gauchiste, sans tant de paroles,
A qui plus tôt aura dégarni les épaules
De cette jeune femme que nous voyons.
Commencez, je vous laisse passer à l'action."
Il n'en fallut pas plus.Notre laïc à principes
Se gorge de droits, s'enfle comme un ballon,
Chasse partout l'ostensible démon,
Légifère sur les chapeaux de tout type,
Veut tous les signes au placard,
Le tout au sujet d'un foulard.
Mais "l'alliénée" n'entendit aucun des arguments,
Et porta le sien avec affront;
tout celà l'endurçit. Le "laïc" perdit son temps:
Plus il la tourmentait, plus l'autre tenait bon.
Sitôt qu'il fût au bout de la pause
Qu'à la gageure on avait mis,
Le "gauchiste" dissipa les vraies causes
Du phénomène, puis s'attaqua à celles-ci.
L'autre voyant enfin son avenir s'éclairer,
Lâche son foulard sans même y penser.
Encore n'exigea-t-il pas de repentance.

Plus fait douceur que violence.

(d'après "Phébus et Borée" La Fontaine. En lisant l'original, on se demande si La Fontaine lui même n'a pas connu une affaire du foulard) 

 

9) Les petites gens et la retraite par capitalisation

 

De la répartition dont ils vivaient sans souci,
Se contentèrent longtemps les gens d'un pays.
Si leur fortune était sans mirifiques gains
Elle était sûre tout au moins.
A la fin, la propagande les tenta si bien,
Que dans le système par capitalisation
Ils mirent la majorité de leurs biens,
Et trafiquèrent tant, qu'ils y perdirent raison.
Leur argent par spéculation fit naufrage.
Nos gens durent travailler toute la vie
Non plus pour améliorer leur standing de vie
Mais pour de la survie, avoir "l'avantage".
S'imaginant au repos pour la fin de leur vie,
Ils durent se remettrent à l'ouvrage.
Or bien plus tard, quelques économies
Leurs enfants firent, et, bien plus sages,
Redécouvrir les vertues de la répartition.
Mais toujours les médias, vrai lobby patronal,
Laissaient le droit de parole au plus vénal.
"Vous voullez notre argent, Ô messieurs les patrons,
Dirent-ils. Adressez-vous je vous prie, aux vrais cons.
Ma foi, vous n'aurez plus le nôtre,
Ayant vu le meurtre social de vos apôtres."
Ceci n'est pas un conte à plaisir inventé.
Je me sers de la vérité
Pour montrer par expérience,
Qu'un sous, quand il n'est pas socialisé,
Vaut mieux que cinq en espérance;
Qu'il faut miser sur l'association;
Qu'aux conseils de la bourse et de l'ambition
Nous devons fermer les oreilles.
Pour un qui s'en louera, dix milles s'en plaindront,
La bourse promet monts et merveilles:
Fiez-vous-y, les voleurs et les malheurs viendront.

(D'après Le Berger et la Mer, La Fontaine. Le hasard fait que je viens de lire aujourd'hui -samedi 1 janvier 2005- Alternatives Economiques -revue dite "modérée" et "sérieuse"- de Janvier 2005 page 17, un petit article: ""Royaume-Uni, le fiasco des fonds de pension". Je vous le conseille. Dites, il nous en faut combien des preuves et des baffes pour réagir intelligemment? Vous avez pas l'impression par moments que la connerie des animaux de La Fontaine, c'est rien à côté de la nôtre ?)

 

10) Le capitaliste, nous (sa clientèle), et l'ouvrier du tiers-monde

 

Les injustices des pervers
Servent souvent d'excuses aux nôtres.
Telle est la loi de l'univers:
Si tu veux qu'on t'épargne, épargne aussi les autres.

Un patron promit du travail au tiers-monde.
La perspective attire des phillipins.
Aussitôt le patron devient immonde,
Payant d'une bouchée de pain
Le travail de ses nouveaux exploités.
Ils en appellent à nos syndicats.
En vain. Leur droit du travail est nié,
Et nous les abandonnons, presqu'au trépas.
Pendant qu'à consommer nous pensons,
Le chantage au travail nous fait le patron.
"Patron, lui disons-nous dans notre langage;
Respectez-nous, jamais de mal ne vous avonsfait.
L'expoiteur répartit:"Ces lointains ouvriers
Vous en avaient-ils fait d'avantage?"

(D'après "L'oiseleur, l'Autour et l'Alouette", La Fontaine)



 

 


 




 

 

 






 

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